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Spéléo Magazine 83

Au détour de discussions, quand vient le sujet de la pratique de la spéléologie, Il s’avère bien difficile de lutter contre un cliché, bien établi par nos concitoyens, à savoir que les grottes, le monde souterrain en général, se résument à un boyau infâme enduit de boue collante où la claustrophobie est la résultante de cet environnement décrit bien souvent avec une moue de dégoût !

Mais pourquoi n’arrivons-nous pas à ­inverser cette vision rébarbative du gouffre, de la grotte ?

Seule, la passion du spéléologue peut inverser la tendance de cet échange oscillant entre information et communication. Entre la réserve bien ­naturelle du spéléologue et l’exhibition de sa passion sur « grand écran »… Il y a un dédale souterrain à franchir. Et pourtant l’histoire de la spéléologie est la somme de toutes les histoires vécues par les spéléologues. De biens belles et vraies histoires. Peut-être, nous manque-t-il aujourd’hui quelques écrivains « à la Casteret » qui changea de par ses textes bien des images négatives des cavernes et des hommes qui les foulent.

Cette année a été la fête de la découverte des deux plus prestigieux ­gouffres de notre territoire : le gouffre Berger, premier –1 000 de notre histoire et le gouffre de la Pierre-Saint-Martin avec la découverte de l’immense salle de la Verna. C’était il y a 60 ans !

Eh aujourd’hui me direz-vous, sans un brin de malice ? L’exploration est plus ingrate, plus difficile mais procure toujours autant de satisfaction personnelle à qui la pratique. Mais pas seulement, les gens se jugent parce qu’ils irradient. Cette mise en exergue de notre activité peut, je crois se résumer par : tout l’art de la mise en valeur de l’univers souterrain repose sur la capacité du spéléologue à se jouer de la lumière, à la modeler afin de valoriser son sujet, son décor, à s’exprimer sur le mode de la délicate poésie, par exemple. L’étymologie du mot manipulation est conduire par la main…

Serge Caillault

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