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Spéléo magazine 97 98

Le monde souterrain présente une infinie diversité de décors, dans un espace contenu, voire restreint. Chaque cavité offre un « visage et un caractère » uniques pour qui sait observer… et apprécier les lieux dans lesquels il évolue, au-delà de la contrainte environnementale. Cet espace clos propose une épreuve aux spéléologues (à l’Homme) : une utopie souterraine imaginaire mais rigoureuse d’une société qui constitue, par rapport à celui qui l’imagine, un idéal ou un contre idéal. Un projet dont la réalisation semble impossible, une conception imaginaire d’une forme de protection voulue et absolue des paysages, plus ou moins fragiles et délicats qu’offrent les cavités. Une épreuve qui tourne parfois (souvent?) à l’égocentrisme personnel : je découvre la grotte. Elle donne toute sa beauté minérale, cristalline, morphologique… Elle devient mienne. Exclusivement mienne. Je la possède et ne veux pas, ne peux pas la partager car seul (ou en petit comité) je suis l’unique personne capable de la respecter, de la choyer, de la protéger des autres en lesquels je n’ai aucune confiance ! Il ne reste plus pour les autres, exclus du cercle que le fantasme de l’imaginaire géologique. Cette imagination qui gonfle au fur et à mesure des années qui parfois pousse à l’irrémédiable : la destruction du trésor gardé jalousement par certains.

La communication, le partage, l’éducation sont des systèmes de conception, parfois idéalistes, des rapports entre l’humain et les sociétés. Ils s’opposent à la réalité du moment mais travaillent à sa modification.

Au travers des cavités présentées dans ce numéro, est proposé un ensemble d’expériences, de tentatives, de réussites, de méthodes dont l’objet est d’assurer la conservation la plus fine possible dans une sorte de réciprocité. Entre les paysages qui s’illuminent à notre venue, et des individus devenus un temps spéléologues, les émotions s’ouvrent et se partagent sous la forme respectueuse mutuelle annulant ainsi le conflit du temps immuable et du temps éphémère, instantané…

Bonne lecture à travers ce « triple numéro » proposé comme « double » en un seul et même  fascicule !

Serge Caillault

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