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Spéléo Magazine 90

Après dix ans d’études et trois ans de travaux, après avoir injecté plus de 50 millions d’euros, après un florilège de procès judiciaires et une myriade de polémiques, après un matraquage publicitaire sans équivalent et une inauguration en grande pompe avec le Président de la République, l’espace de restitution de la Caverne du Pont d’Arc (grotte Chauvet) s’ouvre au public le 25 avril 2015. 3 000 visiteurs sont attendus quotidiennement.

Dimanche 26 avril, le lendemain, je suis avec ma Dame à Vallon-Pont-d’Arc. Nous avons pris nos billets via internet. La visite est prévue pour 11 heures 16 minutes très exactement. Nous sommes ici incognito. C’est notre première fois. Nous n’avons pas effectué de visites inaugurales ou « VIP ». Nous sommes en quelque sorte vierges d’a priori. Le parking est déjà bien encombré. On nous guide pour trouver une place. La file d’attente avant de pénétrer dans l’espace de restitution est conséquente. Nous nous fondons dans le flux touristique de ce jour pluvieux. Nous avons une heure devant nous. Le temps de faire le tour du propriétaire. La conception architecturale de ce « parc préhistorique » est remarquable, et incite à flâner le long des allées. 11 heures, il est temps de rejoindre le début de la visite du fac-similé. Il y a déjà foule. Toutes les 4 minutes un groupe de 20 personnes démarre la visite ! Une famille d’anglais arrive en retard. Bref conciliabule avec les « gentils organisateurs ». Elle rejoint rapidement son groupe puis revient aussitôt : oubli de l’audiophone de traduction. Palabres, elle intègre notre équipe. Nous voilà dans la grotte. Il y a foule. Notre animatrice a été recrutée la veille (?). Elle ne connaît rien à la préhistoire et à la spéléologie en général. Sa voix est inaudible. Les puits sonores ne fonctionnent qu’aléatoirement. Nous sommes ralentis par le groupe de devant et bousculés par celui qui est derrière nous. Quelques gamins, moyennement éduqués, sans surveillance parentale, s’amusent sans vergogne avec les parois de la caverne. Je suis devant le fameux hibou. Je ne ressens aucune émotion. Je suis déçu. Est-ce parce que j’ai eu la chance d’admirer la vraie ? La visite se déroule en un mélange d’admiration par rapport à l’énorme travail de restitution de la grotte et de déception, du fait de la non mise en valeur (spectacle) des fresques. En fait et pour terminer, les concepteurs ont tout simplement oublié de prendre en compte la gestion du flux de visiteurs et la mise en spectacle de l’espace de restitution. Nous en ressortons comme si nous venions de visiter un temple à fric de la préhistoire. Dommage…

Serge Caillault

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Spéléo Magazine 78

Lors d’une récente conversation, la notion de « perception de la caverne » m’interpelle. Cette notion m’ouvre les portes à de ­multiples cogitations et réflexions ! Quelle est, à ce jour, ma perception de la grotte, de cet univers dans lequel j’officie avec joie et délectation…

La notion même de perception ne peut se comprendre qu’à partir de nous-même, de nos besoins, de nos valeurs. « Je vois le monde comme je suis », disait Paul Éluard, « et je ne le vois pas comme il est ! » Bref, le monde perçu est le reflet de nous-mêmes. Il agite nos joies et nos angoisses, ­rassemble nos préjugés. Il n’est ­certainement pas le monde objectif de la science !

À un niveau purement élémentaire et pour paraphraser Henri Bergson (philosophe) « c’est bien la grotte qui attire le ­spéléologue ! » Et le spéléologue y laisse des traces… Je pense aux fresques laissées par nos ­ancêtres préhistoriques à la grotte Chauvet. De véritables œuvres, inestimables qui ­méritent dès à présent et sans hésitation le label de patrimoine mondial de ­l’humanité. Je pense également, et sans commune ­mesure bien évidemment, aux signatures laissées par nos pionniers spéléologues : Martel, De Joly, Casteret… qui, quand nous les trouvons au détour d’un recoin, ­provoquent en nous des effluves de ­bonheur. Je réfléchis aux griffes, apposées sur les parois, de nos contemporains qui me laissent, en les observants, un arrière-goût amer. Pourquoi s’octroient-ils le droit de souiller notre environnement et en même temps est-ce une question d’époque, de temps ? Dans cent ans, ces graffitis n’auront-ils pas autant de valeur sentimentale que ceux de nos aïeuls ? Je ­revois aussi les peintures de Jean Truel ­inscrites (à jamais) sur les flancs de la ­traversée de Bramabiau, aux confins des ­Cévennes, où le sentiment d’incompréhension, voir même de profanation me ­submerge, m’autorisant toute forme de sentence à l’encontre de cet être qui a osé. Telle est ma perception ; sensible, naturelle et spontanée, vécue au contact des choses…

Bonnes explorations…

Serge Caillault

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Spéléo Magazine n°61

Brochage des cavités… Les broches ne datent pas d’hier, mais les polémiques qu’elles soulèvent ne sont pas éteintes. Les intérêts des différents utilisateurs du monde souterrain divergent, et le dialogue ne parvient pas toujours au consensus. On peut réfléchir sur quelques sujets de fond : pourquoi brocher les obstacles ? Par sécurité ? Par confort ?

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Spéléo Magazine n°44

Le milieu de la montagne (et de la spéléologie) est en pleine effervescence mais également l’ensemble de ces pratiquants : la solidarité nationale est mise à mal… balayé par le devenu trop célèbre article 54 de la loi sur la démocratie de proximité.
Cet amendement facilitera le recours à des moyens privés et étendra la marchandisation du secours en France accentuant ainsi, le principe de l’inégalité. Des dérives existent déjà. Sur les communes qui utilisent des compagnies privés héliportés : l’hélicoptère n’est rentable qu’en vol ! Nous devons nous mobiliser pour le retrait de cette disposition de la loi de modernisation de la sécurité civile. Elle sera discutée au cours de la prochaine session parlementaire. Nous avons l’été pour affûter notre argumentation. Nous mobiliser et militer pour une pratique de la spéléologie libre et responsable, égale pour tous.

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