« Printemps 2020, spéléologie interdite pour cause de pandémie… »

Quand je m’interroge sur la période que nous venons de vivre, je reste circonspect et dubitatif. Des questions s’entrechoquent. Rares sont les personnes extérieures au milieu spéléologique et souterrain qui parviennent à saisir la signification concrète de notre activité. De même pour les implications qu’engendre notre passion mais aussi et cela va de pair, la responsabilité pleine et entière que nous assumons. Nous la revendiquons hautement. Ne serait-ce qu’à travers le Spéléo Secours Français. Sur la décision d’un quelconque responsable administratif, la spéléologie était interdite sous prétexte, entre autres, qu’un secours pourrait être déclenché ? Et alors ! Un secours souterrain est extrêmement rare voire très exceptionnel. Il suffit de regarder les chiffres annuels de la Protection civile. Fernand Petzl et Pierre Chevalier réalisaient des ­explorations ­mémorables dans le célèbre réseau de la Dent de Crolles, pendant les années quarante. L’accident y était strictement interdit. De même, aujourd’hui, lors de nos expéditions lointaines à l’étranger, jamais un spéléologue n’a déclenché un appel au secours pour des broutilles… Car nous répondons de nos actes sans nous défausser sur l’Autre. C’est le fondement, la pierre d’achoppement de notre éducation souterraine.

L’« excuse sociologique du conditionnement » activée par le virus, ne favorise pas à améliorer notre situation de spéléologue. Elle participe à nous déposséder de tout espoir de réussite. Elle contribue à faire de nous des individus sans destin individuel. Elle nous emprisonne dans un flux collectif sur lequel nous n’avons aucune marge de manœuvre ; sauf d’envisager les faits que sous le spectre des déterminants sociaux validés par un trop-plein de restrictions administratives parfois organisées, j’ose le dire, par des incompétents à la recherche d’un pouvoir qui restera quoi qu’il arrive éphémère ! Si le désir est de nous ôter toutes responsabilités nous n’aurons plus le choix que de brûler des drapeaux ! Pourtant la spéléologie me semble-t-il, est l’antithèse de la guerre. Il n’y a pas de vie sans rêves, sans défis à accomplir, sans espoir d’une belle découverte…

Serge Caillault

Sommaire Spéléo Magazine 110

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