Édito
La spéléologie reste un espace de liberté et de responsabilité, à l’abri d’un monde qui se transforme, tétanisé par un « microbe ». Je ne suis pas contre l’évolution de notre humanité, mais les perspectives actuelles se résument à baisser la tête, masquée et sans reproche ! Alors, la spéléologie ne serait donc qu’une dérobade pour fuir un monde réel trop contraignant ? C’est certainement deux mondes différents. Lequel est le vrai ? Je répondrai sagement « les deux mon capitaine ». Toutefois pendant presque déjà un demi-siècle de pratique dans l’univers souterrain, ce dernier m’a apporté plus que l’autre ! Même en vieillissant, je trouve toujours des satisfactions qui me comblent à parcourir ces innombrables conduits toujours renouvelés, toujours variés, toujours surprenants, avec des équipes de spéléologues enclins à partager leurs joies et leurs doutes, à imprimer un spectacle minéral, non pas figé mais toujours en mouvement. Suis-je en train d’écrire mon apologie ? Est-ce que je cherche à m’innocenter, à trouver des excuses à ma vie ? Peut-être. Néanmoins la spéléologie n’a pas besoin d’être défendue. Les spéléos n’ont pas besoin de s’excuser. La spéléologie est une manière de vivre qui nous comble par elle-même. L’art pour l’art ? La spéléologie ou le droit de vivre à la limite de ses possibilités. L’une des meilleures. Celle dans laquelle nous nous abritons en laissant passer les vicissitudes du monde actuel. Égocentrisme me direz-vous ? Sous terre, tout est simple. Nous savons où nous nous trouvons et ce que nous pouvons réaliser. Nous pouvons nous détendre. Nous oublions parfois ce qui peut nous arriver. Nous nous égarons parfois ! Mais nous savons chercher notre chemin et revenir à la surface. Nous apprenons la cavité et finissons toujours, à force de persévérance, à découvrir où elle va… Je ne suis pas certain que c’est cela que vous espériez entendre. Je pourrai parler de matériel, de zones à prospecter, offrir quelques conseils, inciter à rejoindre un club, la fédération, de ne laisser que des empreintes de pas mais les explorateurs souterrains savent ce qu’ils font…
Serge Caillault
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