Catégorie :

Spéléo Magazine 87

Nous avons été gâtés par la météo ces derniers mois ! Que d’eau, que d’eau… En France toutefois, car dans les pays nordiques, on n’avait jamais vu jusqu’alors des incendies de forêt ! Est-ce dû au réchauffement, au changement ou au dérèglement climatique ? Que sais-je ? Il va falloir s’adapter pour explorer nos cavités actives et trouver la bonne fenêtre météo. Car en parlant météo, cet été, dans nos contrées alpines, elle n’a jamais été très fiable. À croire que tous les ingénieurs climatiques étaient en vacances (ils en ont le droit). Ont-ils été remplacés par des stagiaires qui effectuaient leurs premières prévisions ! Dégradations du service public au bénéfice de sites payants ? Allez savoir… Quoi qu’il arrive, après plusieurs excursions souterraines annulées pour cause d’intempéries et en cherchant comment passer à travers les gouttes, j’ai regardé du côté des alpinistes. J’avais tendance à dire que dans la pratique spéléo l’heure était un facteur secondaire. L’envie me prend et me voilà en direction d’une cavité de jour comme de nuit, du matin comme de l’après-midi. Cela reste possible pour les grottes dites fossiles, mais voilà pour les cavernes sensibles aux crues, il va falloir s’adapter encore plus. Pourquoi ne pas débuter l’exploration à quatre heures du matin pour échapper aux orages du soir ? Être chez soi à observer les éclairs sans pouvoir cependant, regarder sa moisson photographique, au risque de dégrader son ordinateur… Quelle vie ! Restons optimistes avec toute cette eau, les cavités ont dû se creuser…

Au fait, pendant que j’y pense : à quoi sert d’équiper un puits hors crue quand, quoi qu’il arrive il ne se franchit plus dès qu’approche une averse ! ?

Et des chemins de pluie pour unique bonsoir,

– Avec le vent d’ouest écoutez-le vouloir,

– Le plat pays qui est le mien…

C’est sur ces quelques vers de Jacques Brel que nous vous offrons dans les pages qui suivent un dossier spécial « spéléo chez les Belges », nos voisins de toujours, nos compagnons de brume, nos frères d’explorations…

Serge Caillault

Publié le 
Catégorie :

Spéléo Magazine 74

Une question me trotte dans la tête depuis quelque temps déjà. Je n’ose vous la soumettre : aujourd’hui, faut-il encore équiper les gouffres hors crue ? ! Une interrogation qui paraît bien saugrenue n’est-ce pas ! Elle semble à l’inverse des préconisations diffusées depuis toujours par notre enseignement spéléologique. La progression souterraine évolue en permanence, parfois influencée par des modes passagères. Observons un puits lambda. Nous trouvons des pitons et des spits qui datent de l’époque des échelles souples. Ils sont installés généralement au ras de la margelle, souvent à la hauteur des chevilles où le confort et les frottements n’étaient qu’une vue de l’esprit. Puis vint la généralisation de la remontée sur corde simple. Les ancrages sont installés afin que notre ficelle ne touche pas, en aucune mesure, la paroi. Après quelques événements dus à l’arrivée soudaine d’eau empêchant toute remontée vers la surface, nous avons cherché à équiper le plus loin possible de la colonne de liquide, parfois au prix de quelques acrobaties. Enfin l’élévation sur corde au moyen du bloqueur de pied a fait évoluer la philosophie de notre progression. Elle s’apparente étrangement au style de la remontée sur nos bonnes vieilles échelles d’antan. Un équipement contre paroi s’avère par conséquent plus performant, plus agréable, moins épuisant qu’une montée plein vide, en fil d’araignée ; il économise aussi les longues mains courantes, donc du poids, du temps, etc. Le frottement zéro reste préconisé même si les fabricants de corde cherchent et proposent depuis peu des produits résistant nettement mieux à l’abrasion. La science météorologique a bien évolué. Elle est devenue fiable sur plusieurs jours et précise sur une journée. Quand nous avons la certitude du « créneau » beau temps pendant toute notre course souterraine alors pourquoi persévérer à équiper hors eau, quand elle n’est pas au rendez-vous. L’himalayiste joue déjà avec les prévisions météo via son routeur pour tenter son sommet entre deux averses de neige… Les marins au long cours également… L’équipement souterrain fixe, prévu sur une longue période mérite toutefois d’être installé hors de la colonne d’eau. Bonnes explorations estivales.

Serge Caillault

Publié le