Une question me trotte dans la tête depuis quelque temps déjà. Je n’ose vous la soumettre : aujourd’hui, faut-il encore équiper les gouffres hors crue ? ! Une interrogation qui paraît bien saugrenue n’est-ce pas ! Elle semble à l’inverse des préconisations diffusées depuis toujours par notre enseignement spéléologique. La progression souterraine évolue en permanence, parfois influencée par des modes passagères. Observons un puits lambda. Nous trouvons des pitons et des spits qui datent de l’époque des échelles souples. Ils sont installés généralement au ras de la margelle, souvent à la hauteur des chevilles où le confort et les frottements n’étaient qu’une vue de l’esprit. Puis vint la généralisation de la remontée sur corde simple. Les ancrages sont installés afin que notre ficelle ne touche pas, en aucune mesure, la paroi. Après quelques événements dus à l’arrivée soudaine d’eau empêchant toute remontée vers la surface, nous avons cherché à équiper le plus loin possible de la colonne de liquide, parfois au prix de quelques acrobaties. Enfin l’élévation sur corde au moyen du bloqueur de pied a fait évoluer la philosophie de notre progression. Elle s’apparente étrangement au style de la remontée sur nos bonnes vieilles échelles d’antan. Un équipement contre paroi s’avère par conséquent plus performant, plus agréable, moins épuisant qu’une montée plein vide, en fil d’araignée ; il économise aussi les longues mains courantes, donc du poids, du temps, etc. Le frottement zéro reste préconisé même si les fabricants de corde cherchent et proposent depuis peu des produits résistant nettement mieux à l’abrasion. La science météorologique a bien évolué. Elle est devenue fiable sur plusieurs jours et précise sur une journée. Quand nous avons la certitude du « créneau » beau temps pendant toute notre course souterraine alors pourquoi persévérer à équiper hors eau, quand elle n’est pas au rendez-vous. L’himalayiste joue déjà avec les prévisions météo via son routeur pour tenter son sommet entre deux averses de neige… Les marins au long cours également… L’équipement souterrain fixe, prévu sur une longue période mérite toutefois d’être installé hors de la colonne d’eau. Bonnes explorations estivales.

Serge Caillault


Sommaire Spéléo magazine 74

Infos
Isère : éboulement sur la Dent de Crolles (Page 4)
Hérault : aven des Lauriers (Page 4)
Actualités
Choranche : exposition grot(t)esque (Page 6)
Doubs : gouffre de Jardel (Page 8 )
Classique
Gard : aménagement pour l’aven de la Salamandre (Page 10)
Première
Gard : grotte de la Méduse (Page 14)
Actualités
Activité spéléo régulée ou bridée ? (Page 16)
Gaz de schiste : karsts français en danger (Page 17)
TGT
Savoie : grotte à Carret (Page 18)
La vingt-neuvième séance de désobstruction (Page 22)
Secours
Retour d’expériences… vu par un sauveteur (Page 26)
L’ergonomie au service de la victime (Page 28)
41 axes d’amélioration ergonomique (Page 30)
Récit
Neuvième pour les Enfants de la Lune (Page 32)
Canyon
Canyon de Gorgette – Craponoz (Page 34)
Géopoétique du Karst
Goutte à goutte (Page 38)
Concours
Jean-François Fabriol (Page 39)

2 pensées sur “Spéléo Magazine 74”

  1. « l’élévation sur corde au moyen du bloqueur de pied a fait évoluer la philosophie de notre progression. Elle s’apparente étrangement au style de la remontée sur nos bonnes vieilles échelles d’antan. »
    Ouais… mais sans la tétanisation des bras
    Les échelles avaient trois inconvénients majeurs:
    — 1) leur poids, auquel il fallait ajouter le poids de la corde d’assurage, le tout beaucoup plus lourd que la corde simple de spéléo verticale.
    — 2) tout l’effort pour que le corps ne parte pas en arrière était sur les bras, qui tétanisaient assez rapidement, alors que cet effort est pris en charge par le bloqueur de poitrine en splélo verticale…sûreté, efficacité…
    — 3) l’espacement standard des échelons n’était pas approprié à la morphologie de tous les spéléos, alors qu’en spéléo verticale, le spéléo décide lui-même de la longueur de chacun de ses mouvements de progression verticale.

    Quant à la déclaration que « La science météorologique a bien évolué. Elle est devenue fiable sur plusieurs jours et précise sur une journée » …
    …elle reste malgré tout très aléatoire, c’est bien pour ça qu’on dit avec toute l’incertitude liée à ce terme, qui sont loin d’être une affirmation du temps à venir; et les gros orages locaux ne sont pas « prédits » il y a juste des avis d’orage couvrant de vastes régions… quant à l’I-faune pour voir la météo juste avant de pénétrer sous terre, il peut être hors de portée des relais, ou la batterie peut être à plat…
    Même si la présentatrice de la météo à la TV est très jolie, se baser sur ses « prévisions » et partir sans le matériel adéquat en cas de problème imprévu (crue) ne semble pas très malin, c’est quand même un peu la roulette russe…
    On ne peut donc que souscrire à la conclusion « L’équipement souterrain fixe, prévu sur une longue période mérite toutefois d’être installé hors de la colonne d’eau ».

  2. dans mon message précédent, il faut lire « …elle reste malgré tout très aléatoire, c’est bien pour ça qu’on dit PRÉVISIONS avec toute l’incertitude liée à ce terme. »
    J’avais mis le mot « prévisions » entre les symboles « plus petit » et « plus grand » pour le souligner, mais ça a bouffé le mot lorsque le message a été posté… Désolé !

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