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Spéléo Magazine 103

Nous vivons actuellement une “belle” sécheresse (historique ?) qui nous ouvre les portes de conduits jusqu’alors rarement accessibles pour le spéléologue non ­plongeur, et qui permet également de belles perspectives pour les plongeurs souterrains. L’exemple typique situé dans le massif du Vercors est la grotte de Bournillon. Les réseaux terminaux, continuellement noyés, se sont asséchés pendant de longues périodes (au-delà de trois semaines), ces deux dernières ­années, offrant l’opportunité de réaliser des plongées de plus en plus profondes et engagées en fond de réseau. Précédemment ces galeries n’étaient accessibles que quelques jours après des années sans possibilité de les revisiter. Une quantité d’autres réseaux à travers la France, mais pas seulement, sont dans le même cas pour notre plus grand bonheur !

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Spéléo magazine 99

Je ne sais pas si vous avez entendu parler d’un véritable crétin qui sévit (j’espère sincèrement qu’il ne pratique définitivement plus) qui déclencha trois opérations de secours, coup sur coup, avec malheureusement, au final, un décès et des conséquences sur la libre pratique de la spéléologie dans la Dent de Crolles…

Le Préfet de l’Isère souhaitait dans un premier temps interdire la pratique souterraine non accompagnée par un professionnel de l’encadrement spéléologique ! Heureusement notre communauté s’est mobilisée en proposant de baliser les itinéraires couramment parcourus.

Ce préambule pour dire et redire, que toutes personnes qui explorent, découvrent, visitent, photographient, équipent… L’univers souterrain est responsable de ce qu’il accomplit ou pas, même par inadvertance, imprudence ou négligence. Nous sommes responsables de nos actions mais aussi de nos omissions ! C’est la mauvaise nouvelle : dans sa vie privée ou professionnelle, dans sa vie de bénévole ou de militant, chacun doit assumer les conséquences sociales, pénales, disciplinaires ou pécuniaires de ses actes. Heureusement, elle est compensée par une bonne nouvelle : la responsabilité est la garantie de la liberté…

Nous sommes responsables de nous-même. C’est déjà beaucoup. Il est juridiquement impossible d’être responsable d’une structure, d’une équipe, d’un club, d’un établissement. Un éducateur sportif n’est pas tenu d’accomplir la volonté de ses clients. Il ne répond que de la qualité et de l’efficacité de son encadrement. C’est une obligation de moyens, pas de résultats.

La responsabilité est aussi l’obligation de répondre de certains de ses actes, d’être garant de quelque chose, d’assumer ses promesses. Elle a pour conséquence le devoir de réparer un préjudice causé à quelqu’un de par son fait ou par le fait de ceux dont on a en charge la surveillance, voire de supporter une sanction. Elle désigne également la capacité et/ou le pouvoir de prendre soi-même des décisions.

J’oubliais presque : le n° 100 de Spéléo Magazine est en gestation pour la fin de l’année avec nous l’espérons son lot de surprises…

Serge Caillaut

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Spéléo magazine 93

Ces derniers temps, je suis confronté, plus particulièrement, à la notion de protection du monde souterrain. Mais qu’est-ce ? En Chine, les phénomènes cristallins souterrains sont sources de revenus importants pour les localités implantées dans les territoires karstiques. Une véritable industrie d’extraction des stalagmites et autres karstifications est en place. Certes, actuellement, la politique des responsables locaux change. Ils s’aperçoivent qu’une source plus durable de revenu reste l’aménagement touristique souterrain. Pour cela il faut encore avoir la volonté de préserver le patrimoine en place.

En France, il n’existe aucune législation spécifique pour protéger l’intégrité des grottes, ce qu’elles renferment, de même que pour les paysages souterrains des dégradations ou des pillages, sauf pour les chauves-souris et les sites archéologiques.

Toutefois il n’est pas interdit de porter plainte (cf grotte de Clamouse, Hérault) !

Défendre le patrimoine souterrain est me semble-t-il une nécessité. L’avenir de la pratique souterraine en dépend. Celle à laquelle nous sommes émotionnellement attachés et qui est à l’origine d’un patrimoine national (mondial !) d’une richesse et d’une diversité incomparables. Elles ne cessent de grandir au fil des découvertes. Et à chaque fois, lors des découvertes, pour les spéléologues, les clubs ou autres groupes, émergent les notions telles qu’observer, garder, conserver, sauver, préserver… Mais vient aussi, telle est la nature humaine, la question de pour qui ? Pour soi ? Pour la communauté ? Pour certains ? Pour quel privilège ? Entre également en jeu des personnages qui usent de leurs influences, de leurs pouvoirs pour protéger quelque chose, loin de toute considération de l’autre. Il vient un temps où l’abus de protection n’attire plus ni confiance, ni respect. Surtout si les actes ne sont pas en adéquation avec la parole !

La protection, oui, dans le sens de préserver ce que Dame nature nous offre de plus exceptionnel pour le plaisir des sensations et des regards de tous…

Serge Caillault

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Spéléo Magazine 88

L’hiver s’installe doucement. C’est une saison propice aux salles obscures et aux festivals du film de « montagne et d’aventure » relatant les « exploits humains » de l’année. Sur la toile sont projetées les actions de nouveaux « héros », pleines d’éclat, de courage et d’ardeur. Certes, les régions explorées sont découvertes bien avant eux. Je dirais même plus, il me semble que la quasi-totalité des régions terrestres, nous est connue. L’esprit d’aventure et de découverte s’exprime alors comme une nouvelle pensée émancipatrice. Ce dernier point m’amène plusieurs interrogations. Cet affranchissement ne cherche-t-il pas à nous sortir du carcan sociétal dans lequel nous vivons ? Cette pensée gagne sur l’esprit d’exploration. Je me pose donc la question de l’esprit d’exploration d’aujourd’hui : est-il une utopie, un mensonge, une réalité encore accessible ? Bref, existe-t-il encore des explorateurs ? Existe-il encore aujourd’hui, des aventuriers ? Leurs découvertes et les mesures qu’ils effectuent sur le terrain ouvrent de nouvelles voies pour les expéditions d’exploration scientifique. Un explorateur n’est-il pas un éclaireur, qui se livre à des recherches, qui examine attentivement et méthodiquement l’environnement dans lequel il évolue ?

Seuls deux secteurs restent du domaine de l’exploration pure : la conquête de l’espace et la mise en lumière du monde souterrain.

Le spéléologue est très certainement le dernier des architectes de l’exploration ! Néanmoins les découvertes ne sont jamais aussi belles que lorsqu’elles sont collectives, fruit d’un travail d’ équipe soudée et conviviale, oeuvrant vers une même destinée ; équipe où chacun donne de lui-même, sans compter et pour le bénéfice unique et inestimable du projet, du rêve en cours… Dans l’exploration souterraine, l’esprit d’équipe reste une valeur fondamentale, sans elle nous serions encore aux balbutiements de la connaissance de l’intérieur de la croûte terrestre.

Je vous souhaite une excellente année 2015 pleine de découvertes souterraines et humaines …

Serge Caillaut

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Spéléo Magazine 85

Depuis des années les stations de ski sont engagées dans une fuite en avant : elles construisent toujours plus pour assurer leur fréquentation. L’hiver se termine, la saison de ski également. Les lapiaz se libèrent de leur gangue de neige. Pour les entreprises vivant du sport d’hiver, le repos est de courte durée. C’est le moment de reprendre de nouvelles activités : agrandir le domaine skiable… Au détriment bien entendu du paysage naturel, avec pour conséquence des dégâts irréversibles sur le karst.Combien de gouffres et glacières ont été irrémédiablement bouchés en toute impunité et donc perdus. Des exemples foisonnent sur les massifs de la Pierre-Saint-Martin, du Vercors, des Bauges, du Dévoluy, etc.

La commission du développement durable du Sénat a récemment rendu son rapport : « Patrimoine naturel de la montagne : concilier protection et développement ». Il tient compte d’une évolution des mentalités et des nouvelles contraintes climatiques et économiques. Il se présente (malheureusement) sous la forme d’une énumération de propositions qui ne permet pas d’élaborer des orientations globales pour une politique de la montagne (du karst). Il précise néanmoins pour l’eau en montagne qu’au-delà d’une abondance apparente, il existe un risque réel de raréfaction. Des outils existent comme le schéma d’aménagement et de gestion de l’eau (SAGE) pour assurer la cohérence des usages de l’eau, notamment au regard de la neige de culture (Proposition 37). S’assurer que les études d’impacts prennent en compte tous les problèmes liés à l’environnement notamment au regard des paysages (Proposition 38).

Tout cela pour dire notre conviction que ce patrimoine karstique est bien sûr la propriété des populations qui y vivent et y travaillent mais peut aussi être considéré, par sa richesse exceptionnelle, comme un bien appartenant à tout un chacun. En ces temps de reprise des travaux, ce rapport ne changera pas la face des choses à court terme. Il

montre cependant que nos idées concernant la richesse de notre patrimoine souterrain se diffusent dans l’esprit des élus. C’est un encouragement à continuer, sans cesse, notre travail… de prise en compte de notre activité sportive et scientifique…

Serge Caillault

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